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Sc?nes De La Vie De Boh?me - Murger Henry - Страница 48


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Comme l'angelus sonnait a l'eglise prochaine, les trois coquettes laborieuses, qui avaient eu a peine le temps de dormir quelques heures, etaient deja devant leur miroir, donnant leur dernier coup d'?il a leur toilette nouvelle.

Elles etaient charmantes toutes trois, pareillement vetues, et ayant sur le visage le meme reflet de satisfaction que donne la realisation d'un desir longtemps caresse.

Musette etait surtout resplendissante de beaute.

– Je n'ai jamais ete si contente, disait-elle a Marcel; il me semble que le bon Dieu a mis dans cette heure-ci tout le bonheur de ma vie, et j'ai peur qu'il ne m'en reste plus! Ah! Bah! quand il n'y en aura plus, il y en aura encore. Nous avons la recette pour en faire, ajouta-t-elle gaiement en embrassant Marcel.

Quant a Phemie, une chose la chagrinait.

– J'aime bien la verdure et les petits oiseaux, disait-elle, mais a la campagne on ne rencontre personne, et on ne pourra pas voir mon joli chapeau et ma belle robe. Si nous allions a la campagne sur le boulevard?

– A huit heures du matin, toute la rue etait mise en emoi par les fanfares de la trompe de Schaunard qui donnait le signal du depart. Tous les voisins se mirent aux fenetres pour regarder passer les bohemes. Colline, qui etait de la fete, fermait la marche, portant les ombrelles des dames. Une heure apres, toute la bande joyeuse etait dispersee dans les champs de Fontenay-Aux-Roses.

Lorsqu'ils rentrerent a la maison le soir, bien tard, Colline, qui, pendant la journee, avait rempli les fonctions de tresorier, declara qu'on avait oublie de depenser six francs, et deposa le reliquat sur une table.

– Qu'est-ce que nous allons en faire? demanda Marcel.

– Si nous achetions de la rente? dit Schaunard.

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