Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 - Бенцони Жюльетта - Страница 59
- Предыдущая
- 59/86
- Следующая
Mathieu poussa un profond soupir, rejeta couteau et fourche et se leva.
— C'est bon, fit-il a l'adresse de sa s?ur. Ordonne que l'on mette des chapons a la broche et que l'on prepare quelque poisson de haut gout. Nous allons boire, mon ami et moi, dans mon cabinet, en attendant que tout soit pret. Continuez sans nous votre repas.
Au grand desappointement de Catherine, Mathieu et Abou s'eloignerent ensemble. Ainsi c'etait l'oncle qui entendrait les confidences du petit medecin alors qu'elle-meme brulait de l'interroger
? Elle se promit bien de ne pas repartir sans avoir eu avec lui un entretien meme s'il fallait pour cela mecontenter l'oncle Mathieu.
Elle n'eut pas besoin d'en arriver la. Tandis que, le repas termine, elle regardait danser les vignerons dans la grande salle debarrassee des tables, elle sentit qu'on la tirait par sa manche. Le medecin etait aupres d'elle.
— C'est toi que je cherchais en prenant cette maudite route ! dit-il a mi-voix.
— Je regagne ma maison de Dijon demain matin, repondit-elle.
Venez avec moi si l'hospitalite d'une femme ne vous fait peur...
Abou-al-Khayr sourit puis s'inclina profondement en murmurant :
— Permets-moi de baiser, O Reine, comme fait le ciel, la poussiere qui dort au seuil de ta porte... dirait le poete. Moi je dirai seulement que je serai heureux de te suivre pourvu que tu accueilles aussi mes serviteurs et que tu ne me serves pas de porc !
Le lendemain a l'aube, la litiere de Catherine reprenait le chemin de Dijon, emmenant le medecin et les deux jeunes femmes. Presque tout le pays ronflait !
En arrivant a Dijon, Odette quitta son amie pour se rendre chez sa mere ou elle voulait passer deux jours avant de rentrer a Saint-Jean-de-Losne. Catherine ne la retint pas. L'ancienne favorite semblait preoccupee et, de plus, la jeune femme sentait bien qu'Abou-al-Khayr ne parlerait pas tant qu'une inconnue serait la. Tout au long du trajet, il n'avait pas dit trois mots. A l'hotel de la rue de la Parcheminerie, son entree flanquee de ses deux esclaves noirs fit quelque peu sensation. D'un meme mouvement, les servantes de Catherine ramasserent leurs jupes pour s'enfuir, tandis que les valets reculaient en se signant. Un regard autoritaire de la jeune femme les arreta net.
En un seul mois elle avait su s'imposer et se faire respecter presque autant que Garin lui-meme. Sechement, elle ordonna au majordome Tiercelin de faire preparer pour l'hote distingue la chambre aux griffons et d'y faire porter deux paillasses pour les serviteurs de l'Arabe. Apres quoi elle conduisit elle-meme, en ceremonie et precedee de porte-flambeau, pour bien montrer le cas qu'elle en faisait, son visiteur jusqu'a ses appartements. Pendant tout ce temps, Abou- al-Khayr s'etait tu, se contentant d'examiner choses et gens autour de lui.
Lorsque Catherine le quitta au seuil de sa chambre en lui indiquant l'heure du repas, il poussa un profond soupir et la retint par le bras.
— Si je comprends bien, ta situation a beaucoup change ?
demanda-t-il doucement, tu es mariee ?
— Mais... oui, depuis un mois.
Le petit medecin secoua tristement sa tete enrubannee. Il semblait tout a coup accable de douleur.
En arrivant a Dijon, Odette quitta son amie pour se rendre chez sa mere ou elle voulait passer deux jours avant de rentrer a Saint-Jean-de-Losne. Catherine ne la retint pas. L'ancienne favorite semblait preoccupee et, de plus, la jeune femme sentait bien qu'Abou-al-Khayr ne parlerait pas tant qu'une inconnue serait la. Tout au long du trajet, il n'avait pas dit trois mots. A l'hotel de la rue de la Parcheminerie, son entree flanquee de ses deux esclaves noirs fit quelque peu sensation. D'un meme mouvement, les servantes de Catherine ramasserent leurs jupes pour s'enfuir, tandis que les valets reculaient en se signant. Un regard autoritaire de la jeune femme les arreta net.
En un seul mois elle avait su s'imposer et se faire respecter presque autant que Garin lui-meme. Sechement, elle ordonna au majordome Tiercelin de faire preparer pour l'hote distingue la chambre aux griffons et d'y faire porter deux paillasses pour les serviteurs de l'Arabe. Apres quoi elle conduisit elle-meme, en ceremonie et precedee de porte-flambeau, pour bien montrer le cas qu'elle en faisait, son visiteur jusqu'a ses appartements. Pendant tout ce temps, Abou- al-Khayr s'etait tu, se contentant d'examiner choses et gens autour de lui.
Lorsque Catherine le quitta au seuil de sa chambre en lui indiquant l'heure du repas, il poussa un profond soupir et la retint par le bras.
— Si je comprends bien, ta situation a beaucoup change ?
demanda-t-il doucement, tu es mariee ?
— Mais... oui, depuis un mois.
Le petit medecin secoua tristement sa tete enrubannee. Il semblait tout a coup accable de douleur. Il etait tard dans l'apres-midi quand, enfin, ils se trouverent face a face. Catherine n'en pouvait plus d'attendre. Elle avait du dejeuner seule parce que son hote, alleguant la fatigue du voyage avait demande qu'on le servit chez lui. En realite, Abou-al-Khayr voulait se donner le temps de reflechir avant d'aborder la jeune femme.
Lorsque enfin il se rendit a l'invitation qu'elle lui avait fait tenir de la rejoindre dans sa chambre, il resta un moment a regarder les flammes danser dans la haute cheminee de pierre blanche, ciselee comme un joyau. A bout d'impatience, Catherine pria :
— Parlez maintenant, je vous en supplie. Votre silence me met au supplice. Par pitie... parlez-moi de lui.
L'Arabe haussa les epaules avec decouragement. Entre eux les noms n'avaient aucune utilite, mais il se demandait si les faits pouvaient en avoir.
— A quoi bon, puisque tu es mariee ? Que t'importe desormais celui qui est devenu mon ami ? Pourtant, lorsque je vous avais vus ensemble, j'avais eu la prescience que vous etiez reunis par un lien invisible et fort. Je crois savoir lire dans les yeux des hommes et dans les tiens j'avais lu un amour immense. Je devrais pourtant savoir que le regard d'une femme est trompeur, ajouta-t-il avec amertume. J'avais mal lu.
— Non, vous aviez bien lu. Je l'aimais et je l'aime toujours, plus que tout, plus que moi-meme, alors qu'il me meprise et me hait.
Ceci est une autre affaire, sourit Abou. Il y aurait beaucoup a dire sur le mepris du seigneur de Montsalvy. Lorsqu'une brulure a creuse bien profondement la chair, la plaie se referme mais la cicatrice demeure et aucune puissance au monde ne peut l'effacer. Crois-en un medecin et crois aussi que je le regrette puisque tu as pris epoux. Vous autres femmes etes bien etranges creatures ! Vous prenez l'univers a temoin du grand amour qui vous ravage, mais vous allez sereinement offrir votre corps a un autre homme !
La patience commencait a abandonner Catherine. Qu'avait-il besoin de se perdre en considerations sur l'ame feminine quand elle brulait de l'entendre parler d'Arnaud.
— Les femmes de votre pays sont-elles donc libres de choisir l'homme au lit duquel on les pousse ? Pas ici ! Si je me suis mariee c'est pour obeir a un ordre.
Brievement elle retraca pour son hote l'histoire de son mariage, l'ordre formel de Philippe et l'esprit dans lequel cet ordre avait ete donne. Mais elle n'eut pas le courage de lui dire que son epoux ne l'avait pas encore touchee. A quoi bon ? Tot ou tard, lorsque Garin reviendrait, il reclamerait ses droits.
— Ainsi, fit le medecin lorsqu'elle eut termine son recit, ton maitre est ce Garin de Brazey qui accompagnait a Bourg le chancelier de Bourgogne ? Etrange, en verite, que le choix du duc se soit porte sur lui. Il est sombre comme la nuit, dur comme le silex et son caractere semble aussi raide que son echine. Il n'a vraiment rien du mari complaisant.
Catherine balaya d'un geste cette reflexion que Barnabe deja, avait faite autrefois. Ce n'etait pas pour parler de Garin qu'elle l'avait fait venir. A sa demande instante, Abou-al-Khayr consentit enfin a s'expliquer.
- Предыдущая
- 59/86
- Следующая