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Contes Merveilleux Tome I - Grimm Jakob et Wilhelm - Страница 23


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– Je suis Benjamin, le plus jeune de tes freres.

Et elle se mit a pleurer de joie, et Benjamin aussi; et ils s'embrasserent avec une grande tendresse. Benjamin se prit a dire tout a coup:

– Chere s?ur, je dois te prevenir que nous avons fait le serment de tuer toutes les jeunes filles que nous rencontrerions.

Elle repondit:

– Je mourrai volontiers, si ma mort peut rendre a mes freres ce qu'ils ont perdu.

– Non, reprit Benjamin, tu ne dois pas mourir; place-toi derriere cette cuve jusqu'a l'arrivee de mes onze freres, et je les aurai bientot mis d'accord avec moi.

Elle se placa derriere la cuve; et quand il fut nuit, les freres revinrent de la chasse, et le repas se trouva pret… Et comme ils etaient en train de manger, ils demanderent:

– Qu'y a-t-il de nouveau?

Benjamin repondit:

– Ne savez-vous rien?

– Non, reprirent-ils.

Benjamin ajouta:

– Vous etes alles dans la foret, moi je suis reste a la maison, et pourtant j'en sais plus long que vous.

– Raconte donc, s'ecrierent-ils.

Il repondit:

– Promettez-moi d'abord que la premiere jeune fille qui se presentera a nous ne devra pas mourir.

– Nous le promettons, s'ecrierent-ils tous, raconte-nous donc.

Alors Benjamin leur dit:

– Notre s?ur est la. Et il poussa la cuve, et la fille du roi s'avanca dans ses vetements royaux, et l'etoile d'or sur le front, et elle brillait a la fois de beaute, de finesse et de grace. Alors ils se rejouirent tous, et l'embrasserent.

A partir de ce moment, la jeune fille garda la maison avec Benjamin, et l'aida dans son travail. Les onze freres allaient dans la foret, poursuivaient les lievres et les chevreuils, les oiseaux et les pigeons, et rapportaient au logis le produit de leur chasse, que Benjamin et sa s?ur appretaient pour le repas. Elle ramassait le bois qui servait a faire cuire les provisions, cherchait les plantes qui devaient leur tenir lieu de legumes, et les placait sur le feu, si bien que le diner etait toujours pret lorsque les onze freres revenaient a la maison. Elle entretenait aussi un ordre admirable dans la petite cabane, couvrait coquettement le lit avec des draps blancs, de sorte que les freres vivaient avec elle une union parfaite.

Un jour, Benjamin et sa s?ur preparerent un tres joli diner, et quand ils furent tous reunis, ils se mirent a table, mangerent et burent, et furent tous tres joyeux. Il y avait autour de la cabane un petit jardin ou se trouvaient douze lis. La jeune fille, voulant faire une surprise agreable a ses freres, alla cueillir ces douze fleurs afin de les leur offrir. Mais a peine avait-elle cueilli les douze lis que ses douze freres furent changes en douze corbeaux qui s'envolerent au-dessus de la foret; et la maison et le jardin s'evanouirent au meme instant. La pauvre jeune fille se trouvait donc maintenant toute seule dans la foret sauvage, et comme elle regardait autour d'elle avec effroi, elle apercut a quelques pas une vieille femme qui lui dit:

– Qu'as-tu fait la, mon enfant? Pourquoi n'avoir point laisse en paix ces douze blanches fleurs? Ces fleurs etaient tes freres, qui se trouvent desormais transformes en corbeaux pour toujours.

La jeune fille dit en pleurant:

– N'existe-t-il donc pas un moyen de les delivrer?

– Oui, repondit la vieille, mais il n'y en a dans le monde entier qu'un seul, et il est si difficile qu'il ne pourra te servir; car tu devrais ne pas dire un seul mot, ni sourire une seule fois pendant sept annees; et si tu prononces une seule parole, s'il manque une seule heure a l'accomplissement des sept annees, et la parole que tu auras prononcee causera la mort de tes freres. Alors la jeune fille pensa dans son c?ur: «je veux a toute force delivrer mes freres.»

Puis elle se mit en route cherchant un rocher eleve, et quand elle l'eut trouve, elle y monta, et se mit a filer, ayant bien soin de ne point parler et de ne point rire. Il arriva qu'un roi chassait dans la foret; ce roi avait un grand levrier qui, parvenu en courant jusqu'au pied du rocher au haut duquel la jeune fille etait assise, se mit a bondir a l'entour et a aboyer fortement en dressant la tete vers elle. Le roi s'approcha, apercut la belle princesse avec l'etoile d'or sur le front, et fut si ravi de sa beaute qu'il lui demanda si elle ne voulait point devenir son epouse. Elle ne repondit point, mais fit un petit signe avec la tete. Alors le roi monta lui-meme sur le rocher, en redescendit avec elle, la placa sur son cheval, et retourna ainsi dans son palais. La furent celebrees les noces avec autant de pompe que de joie, quoique la jeune fiancee demeurat muette et sans sourire. Lorsqu'ils eurent vecu heureusement ensemble pendant un couple d'annees, la mere du roi, qui etait une mechante femme, se mit a calomnier la jeune reine, et a dire au roi:

– C'est une miserable mendiante que tu as amenee au palais; qui sait quels desseins impies elle trame contre toi! Si elle est vraiment muette elle pourrait du moins rire une fois; celui qui ne rit jamais a une mauvaise conscience.

Le roi ne voulut point d'abord ajouter foi a ces insinuations perfides, mais sa mere les renouvela si souvent, en y ajoutant des inventions mechantes qu'il finit par se laisser persuader, et qu'il condamna sa femme a la peine de mort.

On alluma donc dans la cour un immense bucher, ou la malheureuse devait etre brulee vive; le roi se tenait a sa fenetre, les yeux tout en larmes, car il n'avait pas cesse de l'aimer. Et comme elle etait deja liee fortement contre un pilier, et que les rouges langues du feu dardaient vers ses vetements, il se trouva qu'en ce moment meme s'accomplissaient les sept annees d'epreuve; soudain on entendit dans l'air un battement d'ailes, et douze corbeaux, qui dirigeaient leur vol rapide de ce cote, s'abattirent autour de la jeune femme. A peine eurent-ils touche le bucher qu'ils se changerent en ses douze freres, qui lui devaient ainsi leur delivrance. Ils dissiperent les brandons fumants, eteignirent les flammes, denouerent les liens qui garrottaient leur s?ur, et la couvrirent de baisers. Maintenant qu'elle ne craignait plus de parler, elle raconta au roi pourquoi elle avait ete si longtemps muette, et pourquoi il ne l'avait jamais vue sourire.

Le roi se rejouit de la trouver innocente, et ils vecurent desormais tous ensemble heureux et unis jusqu'a la mort.

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