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Les Aventures De Pinocchio - Collodi Carlo - Страница 8


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En effet, alors que tous les humains pleurent ou, du moins, font semblant de secher des larmes quand quelqu’un leur fait pitie, Mangiafoco, lui, eternuait.

C’etait sa maniere a lui de faire savoir qu’il avait du c?ur.

Apres avoir eternue, le montreur de marionnettes choisit de refaire le bourru et grommela a l’adresse de Pinocchio:

– Arrete de pleurer! Toutes ces lamentations m’ont ouvert l’appetit. Je sens un tiraillement qui… atchoum, atchoum!

– A vos souhaits! – dit Pinocchio

– Merci! Dis-moi: ton papa et ta maman sont toujours vivants?

– Papa, oui. Je n’ai jamais connu ma maman.

– Evidemment, evidemment… Quelle tristesse ce serait pour ton vieux papa si je te faisais griller sur ces braises rouges! Pauvre homme! Vraiment je compatis!… Atchoum, atchoum, atchoum!

– A vos souhaits – repeta Pinocchio

– Merci! Mais il faut aussi eprouver de la compassion pour moi car, comme tu le vois, je n’ai plus de bois pour finir de cuire ce mouton. En verite, te jeter dans le feu m’aurait bien arrange. Mais, que veux-tu, j’ai eu pitie. Maintenant c’est trop tard. Je vais donc te remplacer par l’une de mes marionnettes. Hola, les gendarmes!

Tres longs, tres maigres, bicornes sur la tete et sabres au clair, deux gendarmes surgirent immediatement.

Le marionnettiste, d’une voix rauque, leur ordonna:

– Attrapez-moi cet Arlequin, ligotez-le bien et jetez-le dans le feu. Je veux que mon roti soit reussi!

Imaginez la tete du pauvre Arlequin! Il fut si epouvante que ses jambes plierent sous lui et qu’il se retrouva a plat ventre par terre.

Bouleverse par ce spectacle, Pinocchio, en sanglots, se jeta aux pieds du marionnettiste et inonda sa barbe de ses pleurs. Il supplia:

– Pitie, Monsieur Mangiafoco!

– Ici, il n’y aucun monsieur! – repliqua sechement le marionnettiste.

– Pitie, Monsieur le Chevalier!

– Il n’y a pas de chevalier non plus!

– Pitie, Monsieur le Commandeur!

– Ou vois-tu des commandeurs ici?

– Pitie, Excellence!

Cette fois, tres flatte de s’entendre appele Excellence, le montreur de marionnette s’humanisa et demanda a Pinocchio d’un ton plus affable:

– Et bien, que veux-tu?

– Vous demander la grace de ce pauvre Arlequin.

– Il n’y a pas de grace qui tienne! Puisque je t’ai epargne, toi, il faut bien que je le mette dans le feu, lui. Sinon, mon mouton ne sera pas bien dore.

– Dans ce cas – repliqua fierement Pinocchio en se levant et en jetant son bonnet de mie de pain – dans ce cas, je sais ou est mon devoir. Avancez, messieurs les gendarmes! Attachez-moi et jetez-moi dans les flammes! Il n’est pas juste qu’Arlequin, un veritable ami, dusse mourir a ma place!

Cette declaration heroique, prononcee haut et fort, fit couler les larmes de toutes les marionnettes presentes. Jusqu’aux gendarmes qui, bien que de bois, pleuraient comme des veaux.

Au debut, Mangiafoco resta intraitable, un vrai bloc de glace. Mais, peu a peu, il s’attendrit, puis il eternua. Apres quatre ou cinq eternuements, il ouvrit ses bras:

– Tu es un garcon tres courageux. Viens m’embrasser.

Pinocchio se jeta dans les bras du marionnettiste. Grimpant dans sa barbe comme un ecureuil, il alla poser un gros baiser sur son nez.

– Je suis gracie? – demanda, a peine audible, le pauvre Arlequin qui n’avait plus qu’un filet de voix.

– Gracie! – repondit Mangiafoco.

Tout en soupirant et en hochant la tete, il ajouta:

– Tant pis! Aujourd’hui, je me contenterai d’un mouton a moitie cru mais, la prochaine fois, gare a celui sur qui ca tombera!

Apprenant que la grace avait ete obtenue, toutes les marionnettes se precipiterent sur la scene et, apres avoir allume toutes les lumieres comme pour une soiree de gala, se mirent a danser et a sauter dans tous les sens. A l’aube, elles dansaient encore.

Chapitre 12

Mangiafoco, le marionnettiste, donne cinq pieces d’or a Pinocchio pour qu’il les porte a son papa Geppetto. Mais Pinocchio se laisse embobiner par le Renard et le Chat: il part avec eux.

Le jour suivant, Mangiafoco prit Pinocchio a part et lui demanda:

– Comment s’appelle ton papa?

– Geppetto

– Et quel est son metier?

– Le metier de pauvre.

– Cela lui rapporte beaucoup?

– Suffisamment pour n’avoir jamais un sou en poche. Il a du vendre son manteau tout rapiece et reprise, une vraie misere, pour m’acheter l’abecedaire de l’ecole. Vous vous rendez compte!

– Pauvre diable! Cela me fait de la peine. Tiens, voila cinq pieces d’or. Pars tout de suite les lui porter et salue-le de ma part.

Pinocchio, comme on l’imagine, se confondit en remerciements, embrassa toutes les marionnettes de la Compagnie, meme les gendarmes, puis, fou de joie, se mit en route pour rentrer chez lui.

Mais il n’avait pas fait cinq cents metres qu’il rencontra un Renard clopinant sur trois pieds et un Chat aveugle. Ils allaient, s’aidant l’un l’autre, comme deux bons compagnons d’infortune. Le Renard boiteux s’appuyait sur le Chat aveugle qui se laissait guider par son camarade.

– Bonjour Pinocchio – dit le Renard en le saluant gracieusement.

– Comment sais-tu mon nom? – s’etonna la marionnette.

– Je connais bien ton papa.

– Tu l’as vu?

– Je l’ai vu hier. Il etait sur le pas de sa porte.

– Et que faisait-il?

– Il etait en bras de chemise et tremblait de froid.

– Pauvre papa! Mais, si Dieu le veut, a partir d’aujourd’hui il ne tremblera plus!

– Pourquoi donc? – interrogea le Renard.

– Parce que je suis devenu un Monsieur.

– Un Monsieur, toi?

Le Renard ne put s’empecher de rire. Un rire moqueur, peu flatteur. Le Chat riait aussi mais, pour qu’on ne s’en apercoive pas, il se lissait en meme temps les moustaches avec ses pattes de devant.

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