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Les Aventures De Pinocchio - Collodi Carlo - Страница 37


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– Aie pitie de nous!

– De nous!

– Adieu, beaux masques! Rappelez-vous le proverbe: «La farine du diable en son toujours se transforme»

– Ne nous abandonne pas!

– Pas! – repeta le Chat.

– Adieu, beaux masques! Rappelez-vous le proverbe: «Qui vole a autrui son manteau n’aura meme pas de chemise pour mourir».

Pinocchio et Geppetto continuerent tranquillement leur chemin. Peu apres, ils decouvrirent un sentier qui menait a une jolie chaumiere au milieu des champs.

Elle etait en paille mais recouverte d’un toit de tuiles.

– Cette maison est certainement habitee – fit remarquer Pinocchio – Allons-y!

Ils s’engagerent dans le sentier et allerent frapper a la porte de la chaumiere.

Une voix tenue se fit entendre:

– Qu’est-ce que c’est?

– C’est un pauvre papa et son pauvre enfant qui n’ont rien pour manger ni pour dormir.

– Tournez la cle et entrez!

Pinocchio man?uvra la cle, la porte s’ouvrit et ils purent entrer. Mais ils eurent beau regarder partout, ils ne virent personne.

– Ou donc est le maitre de ces lieux? – s’etonna Pinocchio.

– Je suis la-haut!

Le fils et le pere leverent la tete en meme temps: ils apercurent alors, sur une poutre du plafond, le Grillon-qui-parle.

– Oh! Mais c’est mon cher grillon! – s’exclama Pinocchio en le saluant poliment.

– Ah bon! Maintenant, je suis ton «cher grillon», n’est-ce pas?

Rappelle-toi pourtant que tu m’as envoye un marteau a la figure pour me chasser de chez toi!

– C’est vrai, grillon! Alors chasse-moi toi aussi et, si tu veux, assomme-moi avec un marteau mais aie pitie de mon pauvre papa!

– J’aurai pitie de vous deux. Mais je tenais a te rappeler ta grossierete pour que tu saches qu’en ce monde il vaut mieux se montrer courtois envers autrui si l’on veut, dans les moments difficiles, beneficier de la courtoisie des autres.

– Tu as raison, grillon, mille fois raison et je retiendrai la lecon. Mais, dis-moi, comment as-tu fait pour acquerir une si belle chaumiere?

– Elle m’a ete donnee hier par une gracieuse chevre a la toison bleu-nuit.

– Et cette chevre, ou est-elle allee?

– Je n’en sais rien.

– Mais quand reviendra-t-elle? – insista Pinocchio.

– Elle ne reviendra pas. En partant, hier, elle semblait tres affectee.

Elle avait des belements qui semblaient dire: «Pauvre Pinocchio… jamais je ne le reverrai… le Requin l’aura bel et bien devore…»

– C’est ce qu’elle a dit? Vraiment? Donc c’etait bien elle, c’etait bien ma bonne petite Fee! – se mit a hurler Pinocchio en eclatant en sanglots.

Il pleura beaucoup puis essuya ses larmes et prepara un bon lit de paille sur lequel s’etendit le vieux Geppetto. Alors, se tournant vers le grillon:

– Dis-moi, mon petit grillon, sais-tu ou je pourrais trouver un verre de lait pour papa?

– Tu trouveras du lait chez Giangio le maraicher. Il possede des vaches.

C’est le troisieme champ a partir d’ici.

Pinocchio courut donc chez le maraicher qui lui demanda:

– Quelle quantite de lait veux-tu?

– Un verre plein.

– Un verre de lait coute un sou. Commence donc par me donner un sou.

– Mais je n’ai meme pas un centime – repondit Pinocchio, a la fois vexe et desole.

– Alors, jeune marionnette, rien a faire! Si tu n’as meme pas un centime a me donner, moi je n’ai meme pas un doigt de lait a te vendre.

– Tant pis! – dit Pinocchio qui n’avait plus qu’a s’en aller.

– Attends un peu! – ajouta Giangio le maraicher – On peut toujours s’arranger. Cela t’irait de tourner la noria?

– La noria? C’est quoi?

– C’est cette machine en bois qui sert a remonter l’eau du puits pour arroser mes legumes.

– Je vais essayer.

– Dans ce cas, tu me tires une centaine de seaux et, en echange, je te donne un verre de lait.

– D’accord.

Giangio conduisit la marionnette dans le potager et lui montra comment faire fonctionner la noria. Pinocchio se mit immediatement au travail mais il n’avait pas encore tire ses cent seaux d’eau qu’il etait deja ruisselant de sueur de la tete aux pieds. Jamais il n’avait eprouve une telle fatigue.

– Jusqu’a present, c’est mon ane qui faisait ce travail penible mais la pauvre bete est moribonde. – expliqua le maraicher.

– Je pourrais le voir? – demanda Pinocchio.

– Bien sur.

En entrant dans l’ecurie, Pinocchio vit un joli petit ane couche sur la paille, use par trop de travail et pas assez de nourriture.

Il le regarda longuement et se dit, trouble:

– Mais cet anon, je le connais! J’ai deja vu sa tete quelque part!

Alors, se penchant vers lui et utilisant le langage des anes, il lui demanda:

– Qui es-tu?

Le petit ane parvint a ouvrir les yeux et balbutia, dans le meme dialecte:

– Je… m’appelle… La…Me…che…

Puis, refermant les yeux, il expira.

– Pauvre Lucignolo! – soupira Pinocchio en essuyant avec de la paille une larme qui coulait le long de sa joue.

– Tu es emu par un ane qui ne t’a rien coute? – s’etonna le maraicher – Qu’est-ce que je devrais dire, moi qui l’ai paye quatre pieces d’or comptant!

– C’est a dire… c’etait mon ami!

– Un ami?

– Oui, un copain de l’ecole.

– Comment! – s’esclaffa Giangio qui riait a gorge deployee – Comment!

Tu avais des bourricots comme camarades de classe? Eh bien! Tu as du faire de fameuses etudes!

La marionnette, froissee par cette remarque, ne repondit rien, prit son verre de lait encore chaud et s’en retourna a la maison du grillon.

Il continua, cinq mois durant, a se lever chaque jour avant l’aube pour aller man?uvrer la noria afin de gagner les verres de lait qui faisait tant de bien a son papa dont la sante etait delicate. Non content d’exercer cette tache, il profita de son temps libre pour apprendre a fabriquer avec du jonc corbeilles et paniers. Grace a l’argent qu’il gagnait ainsi, il reussit a faire face aux depenses domestiques qu’il gerait avec beaucoup de sagesse. Parmi mille autres choses, il fabriqua egalement une elegante carriole pour promener son pere afin qu’il prenne un peu l’air quand il faisait beau.

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