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Les Aventures De Pinocchio - Collodi Carlo - Страница 11


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– Mort! – repeta l’autre

– Et apres, on tuera aussi ton pere!

– Aussi ton pere!

– Non, non, pas mon pauvre papa! – hurla Pinocchio, desespere.

Mais, en disant, cela, les pieces s’entrechoquerent dans sa bouche.

– Ah! Chenapan! Ton argent, tu l’as donc cache sous ta langue? Crache ces pieces tout de suite!

Pinocchio resta de marbre.

– Tu fais le sourd maintenant? Attends un peu qu’on te les fasse cracher, nous!

Le premier le saisit par le nez et le second lui prit le menton puis ils se mirent a tirer de toutes leurs forces pour l’obliger a ouvrir la bouche. Ils n’y parvinrent pas: la bouche de la marionnette paraissait clouee.

Le plus petit des brigands sortit alors un grand couteau qu’il essaya d’utiliser a la fois comme burin et levier en l’enfoncant entre les levres de Pinocchio.

Mais celui-ci, vif comme l’eclair, referma sa machoire et, d’un coup sec, lui coupa la main. Quand il la recracha, il fut tres etonne de constater que c’etait une patte de chat.

Encourage par cette premiere victoire, il parvint a se sortir des griffes de ses agresseurs et, sautant par-dessus la haie bordant la route, s’echappa a travers les champs. Les deux bandits le suivirent, comme deux chiens poursuivant un lievre. Meme celui qui avait perdu une patte. A se demander comment il pouvait faire…

Apres quinze kilometres de cette course-poursuite, Pinocchio n’en pouvait plus. Se voyant perdu, il s’agrippa au tronc d’un immense pin et grimpa jusqu’au sommet de l’arbre. Les autres essayerent a leur tour mais, a mi-chemin, ils glisserent et retomberent en s’ecorchant les mains et les pieds.

Ils ne s’avouerent pas vaincus pour autant. Ayant ramasse du bois bien sec, ils le deposerent au pied de l’arbre et y mirent le feu. Immediatement, le pin s’embrasa comme une torche dont la flamme est attisee par le vent. Constatant que les flammes montaient de plus en plus haut et ne voulant pas finir en pigeon roti, Pinocchio sauta majestueusement de l’arbre et recommenca a courir a travers champs et vignes. Avec, toujours derriere lui, les deux bandits, manifestement infatigables.

L’aube commencait a luire et ils couraient encore. Soudain, un fosse large et tres profond barra la route de Pinocchio, un fosse au fond duquel coulait une eau sale, couleur cafe au lait. Que faire? «Un, deux, trois»: prenant son elan, la marionnette effectua un bond gigantesque et se retrouva sur l’autre rive. Les brigands voulurent sauter a leur tour mais ils avaient mal calcule leur coup et, patatras!, ils se retrouverent dans le fosse. Pinocchio, entendant le plouf de leur chute dans l’eau, eclata de rire tout en continuant a courir:

– Bon bain, messieurs les assassins!

Il les crut bel et bien noyes. Mais quand il regarda de nouveau derriere lui, il les vit tous les deux. Ils avaient repris la poursuite dans leurs sacs a charbon qui degoulinaient.

Chapitre 15

Les bandits continuent de poursuivre Pinocchio. Apres l’avoir rattrape, ils le pendent a une branche du Grand Chene.

Decouragee, la marionnette etait sur le point de se coucher par terre en se declarant vaincue quand elle apercut dans le lointain, contrastant avec le vert sombre de la frondaison des arbres, une maisonnette blanche comme la neige.

– Si j’ai encore assez de souffle pour arriver jusqu’a cette maison, peut-etre serai-je sauve – pensa Pinocchio.

Sans hesiter un seul instant, il reprit donc sa course folle a travers bois, les bandits toujours a ses trousses.

Deux heures plus tard, il arrivait tout essouffle a la porte de la maisonnette et frappait a la porte.

Pas de reponse.

Entendant croitre le bruit des pas et de la respiration haletante de ses persecuteurs, il frappa plus fort.

La maison resta silencieuse.

Puisque frapper ne servait a rien, il s’en prit frenetiquement a la porte en lui donnant des coups de pieds et en la martelant avec sa tete. Finalement, apparut a la fenetre une jolie fillette aux cheveux bleu-nuit et au visage pale comme une statue de cire. Son regard etait eteint et elle tenait ses bras croises sur sa poitrine. Elle murmura d’une voix faible qui paraissait venir de l’au-dela:

– Il n’y a personne dans cette maison. Ils sont tous morts.

– Mais toi, tu peux m’ouvrir! – cria Pinocchio, pleurant et suppliant.

– Moi aussi, je suis morte.

– Morte? Mais alors, qu’est-ce que tu fais la, a la fenetre?

– J’attends le cercueil qui m’emportera.

Sur ces dernieres paroles, la fillette disparut et la fenetre se referma sans bruit.

– O jolie fillette aux cheveux bleu-nuit, ouvre-moi, par pitie! Aide un pauvre garcon poursuivi par des ban…

Pinocchio ne put finir sa phrase. On l’avait saisi par le cou et deux sinistres voix – toujours les memes – gronderent, menacantes:

– A present, tu ne nous echapperas plus!

Voyant se profiler le spectre de la mort, la marionnette fut prise d’un tremblement si intense que l’on pouvait entendre craquer les jointures de ses jambes et tinter les quatre pieces d’or cachees sous sa langue.

– Et maintenant? – fulminerent les brigands – Cette bouche, tu vas l’ouvrir, oui ou non? Tu ne reponds toujours pas? Aucune importance: nous, on va bien t’obliger a l’ouvrir!

Alors, sortant deux longs couteaux tranchants comme des rasoirs, chlak… ils lui porterent deux coups dans les reins.

Par chance, le bois dont etait fait la marionnette etait si dur que les lames des couteaux se briserent en mille morceaux. Il n’en restait plus que les manches. Les deux bandits se regarderent:

– J’ai compris – dit l’un. – Il faut le pendre. Pendons-le!

– Pendons-le! – repeta l’autre.

Sans attendre, ils lui lierent les mains dans le dos et, lui ayant passe un n?ud coulant autour du cou, l’accrocherent a une branche d’un gros arbre appele le Grand Chene.

Puis, assis dans l’herbe, ils attendirent que la marionnette eut une derniere convulsion. Mais celle-ci, trois heures apres, avait toujours les yeux ouverts et gigotait comme jamais.

Finalement, fatigues d’attendre, ils s’adresserent a Pinocchio en ricanant:

– On te laisse! Mais reviendrons demain. D’ici la, esperons que tu auras la courtoisie de mourir tout a fait et d’ouvrir ta bouche toute grande.

Puis ils partirent.

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