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Том 4. Письма 1820-1849 - Тютчев Федор Иванович - Страница 8


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Und jetzt schreibe ich kein Wort mehr.[6]

Прощайте, мой друг.

«Что касается моего здоровья», — речь идет о его здоровье, — «то меня мучает ге-рой, говоря сокращенно, дабы не спугнуть моей руки, которая уже выходит из себя и топочет ногами. Так что, прощай» — и я повторяю: прощайте. Н. Т.

Нессельроде К. В., 22 октября/3 ноября 1835

27. К. В. НЕССЕЛЬРОДЕ 22 октября/3 ноября 1835 г. Мюнхен

Munich. Ce 3 novembre 1835

Monsieur le Comte,

Après avoir longtemps hésité, je prends le parti de m’adresser directement à Votre Excellence. Je ne me dissimule pas ce que cette démarche peut avoir de hasardé. Mais je me trompe fort, ou c’est précisément cela qui servira à l’excuser à ses yeux. Votre Excellence comprendra aisément que pour m’y déterminer, il ne fallait pas moins qu’une absolue nécessité d’une part et de l’autre une confiance absolue dans l’équité bienveillante de son caractère. C’est cette équité que j’invoque maintenant comme le meilleur et le plus sûr intercesseur que je puisse avoir auprès d’elle.

Je tâcherai d’être aussi concis que possible.

Monsieur le Comte, j’ai à peine l’honneur d’être connu de vous, et c’est ma propre cause que j’ai à plaider. Deux circonstances bien décourageantes, si je devais la plaider devant tout autre que Votre Excellence.

Dans l’entrevue que vous m’avez fait l’honneur de m’accorder, Monsieur le Comte, lors de votre dernier séjour à Carlsbad et dont je conserve un si reconnaissant souvenir Votre Excellence a daigné m’assurer qu’elle ne manquerait pas de songer à moi, à la première vacance qui viendrait à se présenter. Or, j’ai été informé, à la suite du retour du Prince Gagarine que Mr de Krüdener serait incessamment appelé à une nouvelle destination. La place de 1er secrétaire de légation à Munich va donc devenir vacante. J’ose la demander à Votre Excellence.

Voici à peu près ce que j’ai à dire en faveur de cette demande. Et d’abord, je me garderai bien de rappeler ici qu’il y a 13 ans que je sers à cette mission. Je sais que la durée du temps et la succession des années ne sauraient constituer un titre valable.

Je ne me réclamerai pas même des témoignages favorables que l’obligeance des chefs de la mission, où je sers, a bien voulu, à plusieurs reprises, m’accorder auprès de Votre Excellence. Ces témoignages peuvent être l’expression d’une bienveillance toute personnelle.

Mais il y a d’autres circonstances que j’invoquerai plus volontiers à l’appui de ma demande.

Ainsi, p ex, qu’il me soit permis de faire observer à Votre Excellence que depuis 7 ans, c’est-à-dire, depuis le départ du Comte Woronzow, c’est moi qui ai été chargé, en très grande partie, de la correspondance politique que les chefs de mission qui, depuis ce temps-là, se sont succédé au poste de Munich ont eu l’honneur d’entretenir avec Votre Excellence. J’oserai même ajouter, sans craindre d’être démenti par qui que ce soit, que parmi les rapports qui ont plus particulièrement fixé son attention et mérité son suffrage, il y en a peu qui ne soient de moi: tout sur la question grecque que sur les affaires de ce pays-ci. Ce fait Mr Potemkine, avec sa loyauté accoutumée, s’est toujours plu à le reconnaître, et le Prince Gagarine, non moins généreux et non moins loyal, ne se refuserait certainement pas à l’appuyer de son témoignage. Si je me permets d’en faire mention dans cette circonstance, c’est qu’il me paraît prouver, autant que pourraient le faire des suffrages plus explicites, l’opinion favorable que ces deux chefs ont bien voulu se former sur mon compte, aussi bien que la confiance, dont ils m’ont constamment honoré.

Et maintenant, Monsieur le Comte, me serait-il permis de vous expliquer pourquoi je sollicite la vacance du poste de Mr Krüdener de préférence à toute autre? Oserai-je avouer à Votre Excellence que je ne puis mettre à profit les bienveillantes dispositions qu’elle a daigné me témoigner qu’à la condition d’obtenir précisément la faveur que je réclame.

Il y a des aveux auxquels la rigueur même des circonstances ne saurait nous contraindre, si la noblesse d’âme de celui qui les reçoit ne venait à notre secours. C’est de cette nature que sont les considérations que j’ai à faire valoir en ce moment.

Bien que destiné à avoir, un jour, une fortune indépendante, je me trouve, depuis des années, réduit à la triste nécessité de vivre du service. La modicité de cette ressource, hors de toute proposition avec la dépense à laquelle me condamne la position sociale où je me trouve placé, m’a forcément imposé des engagements que le temps seul peut me mettre à même de remplir. C’est déjà là un premier lien qui me retient à Munich. Un déplacement, même avantageux sous le rapport du service, même accompagné d’un avancement, m’obligerait nécessairement à des dépenses nouvelles, qui, s’ajoutant aux anciennes, pourraient à tel point accroître les embarras de cette position, que la faveur que Votre Excellence croirait m’avoir accordée, en deviendrait illusoire par l’impossibilité matérielle où je me trouverais d’en profiter.

Or j’ai eu l’honneur de vous dire, Monsieur le Comte, que j’avais besoin du service pour vivre. J’insisterais beaucoup moins sur cette considération, je vous assure, si j’étais seul… mais j’ai une femme et deux enfants. Certes, personne ne saurait être plus persuadé que je ne le suis que dans une position précaire et subalterne, comme la mienne, le mariage est la plus impardonnable des imprudences. Je le sais, puisqu’il y a 7 ans que je l’expie. Mais je serais profondément malheureux, je l’avoue, si l’expiation de ce tort s’étendait à trois êtres qui en sont parfaitement innocents.

D’ailleurs, s’il y a un pays où je puisse me flatter d’être de quelque utilité pour le service, c’est assurément celui-ci. La connaissance très particulière des hommes et des choses que le long séjour que j’y ai fait, m’a mis à même d’acquérir, des études suivies et sérieuses faites plus encore par goût que par devoir, sur l’état social et politique de l’Allemagne, et surtout de cette partie de l’Allemagne, sur sa langue, son histoire, sa littérature, toutes ces raisons réunies me donnent quelque droit d’espérer, qu’ici du moins, je pourrai justifier, jusqu’à un certain degré, la faveur que je sollicite… Et qu’il me soit permis d’ajouter, en finissant, que si cette faveur n’était qu’une question de service et d’avancement, je ne pourrais pas m’empêcher d’éprouver de l’inquiétude. Mais c’est une question d’existence. C’est vous, Monsieur le Comte, qui êtes appelé à en décider, et cette considération me rassure…

J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur le Comte, de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur

T. Tutchef

Перевод

Мюнхен. 3 ноября 1835

Милостивый государь граф,

После долгих колебаний я решился обратиться прямо к вашему сиятельству. Признаю, что мой поступок может показаться дерзким. Но я полагаю, что именно это обстоятельство может послужить к моему оправданию в ваших глазах. Ваше сиятельство легко поймете, что решиться на подобный шаг меня вынуждают, с одной стороны, крайняя необходимость, а с другой — полное доверие к вашему великодушию и справедливости. К сей справедливости я теперь взываю как к лучшей и самой верной заступнице, какую я мог бы иметь перед вашим сиятельством.

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